La récession au féminin, l’occasion de combler l’écart salarial entre les sexes

À l'occasion de la première Journée internationale de l’Équité salariale, Karen Jensen, commissaire fédérale à l’équité salariale, a fait les commentaires suivants dans un éditorial publié dans le Toronto Star (disponible en version anglaise seulement) du 17 septembre 2020.

Nous vivons une époque marquée par l’incertitude et les bouleversements. Cependant, au-delà des défis qu’elle nous pose, cette crise présente une bonne occasion de relancer l’économie, de faire en sorte que nos entreprises soient plus solides et de promouvoir le bien-être des personnes qui travaillent, en utilisant des outils qui ont fait leurs preuves. Les mesures de réduction de l’écart salarial en sont un exemple.

Au Canada, une femme gagne en moyenne 0.88 $ pour chaque dollar gagné par un homme. L’un des moyens de parvenir à combler cet écart consiste à exiger que les employeurs analysent de quelle manière ils déterminent la valeur et rémunèrent le travail habituellement fait par des femmes par rapport au travail habituellement fait par des hommes. C’est ce qu’on appelle l’équité salariale.

Certains se demanderont si le meilleur moment de mettre l’accent sur l’équité salariale est pendant que la COVID-19 plombe l’économie. Je crois que c’est la meilleure solution qui s’offre à nous.

Les économistes ont donné à cette crise le nom de « récession au féminin » (baptisée « She-cession » en anglais) puisqu’il s’agit d’une récession qui touche tout particulièrement les femmes, et qui, en conséquence, aura des effets à long terme sur notre économie, notre société et nos familles.

Les femmes sont parmi les personnes les plus durement touchées par la pandémie. Un grand nombre des travailleurs de première ligne appelés à servir et à soutenir leurs communautés sont des femmes. Certaines femmes comptent parmi les personnes les moins bien rémunérées au pays. Beaucoup de femmes ont été forcées de continuer à travailler tout en s'occupant de leurs enfants, avec peu ou pas de soutien. D’autres ont dû quitter leur emploi pour s’occuper de leur famille. Le sort de notre économie et celui de notre société dépendent de la possibilité pour les femmes de retourner sur le marché du travail.

Un plan qui reflète l’engagement de verser à chaque personne un salaire égal pour un travail de valeur égale est la réponse appropriée et c’est maintenant le moment opportun.

L’équité salariale est bonne pour les affaires, elle est bonne pour l’économie et pour tous les Canadiens et toutes les Canadiennes. Une récente étude américaine, effectuée auprès de 4 000 entreprises de partout dans le monde, a démontré qu’en réalisant l’équité salariale, les entreprises ont constaté une augmentation de leurs revenus.

En tant que première commissaire à l'équité salariale du Canada, je me réjouis à l’idée de voir l’entrée en vigueur prochaine de notre nouvelle Loi sur l’équité salariale fédérale.

Cette loi exige que les employeurs des secteurs public et privé sous réglementation fédérale revoient leurs structures de rémunération pour déterminer si les salaires sont versés en fonction de la valeur du travail effectué dans l’organisation, que le travail soit accompli par un homme ou une femme.

L’équité salariale peut compenser grandement les effets négatifs de la pandémie et ceux de la crise économique qui en découlent et qui minent les entreprises et appauvrissent les travailleurs et les travailleuses. Combler l’écart salarial permettrait d’augmenter le pouvoir d’achat des femmes et aurait un impact positif sur la croissance économique, ce qui permettrait par ailleurs d’insuffler un dynamisme à la relance économique.

De plus, faire ce qui est juste – même quand les temps sont durs – peut contribuer à inspirer et à motiver le personnel à reprendre le travail et à faire de leur mieux. Alors que nous soulignons, vendredi, la première Journée internationale de l’égalité de rémunération, profitons de l’occasion pour mettre l’emphase sur les meilleures façons d’aider les entreprises ainsi que les travailleurs et travailleuses à se redresser et à prospérer dans ces nouvelles circonstances.

Le Canada a l’occasion de développer une relance qui sera inclusive pour tous et toutes – une relance qui redonnera de la vigueur aux efforts déployés pour instaurer l’égalité des sexes au Canada.

Lorsque les femmes peuvent prospérer, nous pouvons tous et toutes prospérer. L’équité salariale est un outil de relance économique et de prospérité. Il nous incombe de l’adopter pour le bien de l’économie, des entreprises et de la population.

Karen Jensen est la première commissaire à l'équité salariale du Canada. La toute première Journée internationale de l’égalité de rémunération qui sera célébrée vendredi a été instaurée par l’Organisation des Nations Unies pour promouvoir l’égalité de rémunération pour les femmes et les filles.

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